Karl Malden (Malden Sekulovich) (1912/2009)
Un parfait salopard !
Karl Malden est un acteur épatant, aux origines tchèque et serbe, de la trempe d’un Gene Hackman : il peut incarner d’incroyables salopards, fourbes et cruels à souhait comme des personnages débinnaires et sympathiques.
Une scène avec Malden a marqué les mémoires : dans le western psychologique insolite La vengeance aux deux visages, de Marlon Brando
Seconde grande scène marquante d’un autre western des années 60 : Malden est le dernier des tueurs des parents Nevada Smith, Steve McQueen, qu’il abat dans son implacable quête vengeresse : on voit le corps de Malden s’éloigner dans la rivière, toute la tension du film culmine et se dénoue à ce moment…
Il a joué dans d’autres westerns, et heureusement pas tout le temps dans la peau de crapules, montrant plus de finesse : dans la fresque épique La conquête de l’Ouest (1962), la partie sur « les rivières », il est Zebulon Prescott qui emmène sa famille vers l’Ouest sur un radeau. L’acteur chante aussi dans ce film, Home in the meadow.
C’est le rancher Buckman de Deux hommes dans l’Ouest de Blake Edwards (1971)
Malden était aussi très bon dans Les Cheyennes, en officier alcoolique qui obéit aveuglément aux ordres : renvoyer les Cheyennes dans la réserve aride d’où ils se sont échappés, l’officier Richard Widmark, plus clément avec les peaux-rouges, tente de lui faire comprendre que les Indiens ne survivront pas à une telle marche dans la neige…
Il a également joué dans La cible humaine en 1950, son premier western avec Gregory Peck, La colline des Potences en 1959, avec Gary Cooper (dont il a aussi réalisé quelques scènes, Delmer Daves étant tombé malade sur le tournage), puis El Gringo (1968). Il réalisa aussi un film de guerre, LA CHUTE DES HEROS, en 1957, avec Richard Widmark.
Mais pour le public, celui qui fut surnommé « l’homme au gros nez » reste aussi et surtout célèbre pour une série policière, qu’il a tournée entre 1972 à 1977, LES RUES DE San FRANCISCO.
*** Ses autres films ***
Polar :
MARK DIXON, DETECTIVE (1950)
Giallo :
LE CHAT A NEUF QUEUES (1971)
Science-fiction :
METEOR (1979) de Ronald Neame
LE FANTÔME DE LA RUE MORGUE (1954) avec… Patricia Medina
BABY DOLL… Carroll Baker :
I CONFESS… avec Anne Baxter
La cible humaine (L’homme aux abois) (The Gunfighter)
De Henry King (1949-50)

Production : Nunnaly Johnson
Scénario : William Bowers (et Roger Corman, Nunnaly Johnson), d’après une idée d’André de Toth
Musique : Alfred Newman
Avec Gregory Peck : Jimmy Ringo
Helen Wescott : Peggy
Millard Mitchell : marshall Street
Jean Parker : Molly
Et Karl Malden : Mac (patron du saloon) ; Skip Homeier : Hunt Bromley
En 1880, au Texas, la tragique destinée d’un hors-la-loi repenti, victime de sa légende…
Jimmy Ringo, un as de la gâchette, veut mettre un terme à sa carrière de bandit, il revient à Cayenne, la ville où il avait abandonné jadis son épouse Peggy, et son jeune fils, qui ignore qui est son père, pour redémarrer une nouvelle vie. Mais sa présence en ville déclenche une série d’événements, sa légende dépasse la réalité (il a tué une dizaine de personnes mais on lui attribue une centaine de morts !), les honnêtes gens ne sont pas tous si blancs que ça…
Le film est au départ une idée d’André de Toth et du scénariste William Bowers, d’après la vie du véritable Johnny Ringo. Ils pensent d’abord à Gary Cooper puis John Wayne pour le rôle, ce dernier se montre trop gourmand. Zanuck de la Fox achète le sujet pour 70 000 dollars, et impose Gregory Peck mais, pour économiser les coûts, suggère de tourner en noir et blanc, il confie le film à son producteur Nunnaly Johnson. Les moustaches de Peck ne lui plaisent pas, et il a raison, le film n’est qu’un petit succès, peut-être parce que les fans de l’acteur ont eu du mal à le voir ainsi vieilli, moustachu.
C’est le deuxième des cinq films qu’Henry King fit avec Gregory Peck. Celui-ci joue un gunfighter fatigué, incapable d’échapper à son passé, il livre une très belle performance, dans un western à petit budget, « intellectuel », en vogue en ce début des années 50, où l’analyse psychologique des personnages prime sur l’action.
Ce genre de westerns date des années 40 (L’étrange incident (1943) et culminera avec Le train sifflera trois fois en 52 ou La première balle tue (1956), qui est aussi le récit d’un ancien gunfighter qui veut se ranger mais doit reprendre les armes.
Avec ses tons sombres et son atmosphère chargée (très belle photographie d’Arthur Miller), on a aussi trouvé à ce western des allures de film noir.