William Holden (1918/1981)
Oscar en 1952 pour STALAG 17, et coup de poker sur LE PONT DE LA RIVIERE KWAI en 57 lui assurent gloire et fortune. Pour ce dernier film, un énorme budget, et le rôle que déclinèrent Gary Cooper et Cary Grant, Holden refusa en effet un cachet et se contenta d’une simple participation aux bénéfices… sans savoir si le film allait marcher. Comme le fit avant lui Gary Cooper en 1952 pour Le train sifflera trois fois
Résultat : le film fut un énorme succès, Holden amassa une fortune. Ce qui lui permit de devenir un homme d’affaires, à côté de sa vie d’artiste dont il n’aimait d’ailleurs pas les mondanités : il acheta une usine de matériel électronique au Japon, et, tombé amoureux du Kenya et de ses animaux lors d’un safari en 1956, acquiert un immense ranch afin d’en faire une réserve sauvage au Mont Kenya
Côté westerns, il affiche une belle filmographie, qui commence avec des titres qui sont aussi deux Etats américains : Arizona (1940), son 4e film et déjà un premier rôle masculin, puis Texas (1941), deux westerns qui célèbrent la fondation des Etats-Unis, Texas est une comédie, il joue avec son copain Glenn Ford deux cowboys tombant amoureux de la même femme ; Holden retrouve Glenn Ford pour le western psychologique La peine du talion (48), joue avec Mitchum dans Rachel and the stranger (48), puis en 1949 La chevauchée de l’honneur
C’est en 1953 Capitaine Roper de Fort Bravo, officier à la main de fer, dans le premier film en couleurs de John Sturges. Le seul nom de Holden dans un film assure désormais le succès de l’entreprise.
En 1959, c’est Les cavaliers : le « Golden Boy » d’Hollywood fait parfaitement le poids face au Duke, John Wayne. Cette fois, il a un rôle positif, celui du major Kendall, médecin de compagnie nordiste qui s’oppose au colonel Marlowe (Wayne)
Toujours la guerre de Sécession -et plus particulièrement le monde de l’intendance des armées, rarement montré dans les westerns- dans Alvarez Kelly (66) d’Edward Dmytryk, il incarne un rancher mexicain mêlé malgré lui à ce conflit et affrontant le colonel sudiste Richard Widmark. Ils vont régler leurs comptes à mains nues dans la forêt, une belle scène d’anthologie
Le succès du western hyper-violent La horde sauvage de Sam Peckinpah en 1969 relance sa carrière. Il incarne Pike, hors-la-loi qui fuit vers le Mexique avec sa bande, pourchassés par des chasseurs de primes, ils préparent un vol de fusils pour un cruel général mexicain… qu’ils vont ensuite affronter dans une fusillade sanglante, car il a égorgé l’un des leurs qui avait vendu des fusils aux révolutionnaires
Retour au calme en 1971, il interprète un magnifique cow-boy quinquagénaire qui, au nom de sa liberté, prépare avec le jeune Ryan O’Neal un hold-up qui finira mal dans Deux hommes dans l’Ouest de Blake Edwards
Enfin, son dernier western, La poursuite sauvage en 1972, il joue un homme qui vend son ranch pour venger l’assassinat de sa famille par des Indiens conduits par deux Blancs, avec une bande de mercenaires dont Woody Strode et Roger Hanin, une infirmière –Susan Hayward- le recueille quand il sera blessé
Amoureux de la faune sauvage.
La réserve sauvage qu’il a créée dans les années 50 au Kenya, protégeait des couples de près de 300 espèces différentes. En 1973, il rencontre l’actrice Stéphanie Powers à qui il transmet sa passion. En 1983, elle créé la William Holden Wildlife Foundation en hommage à l’acteur, mort deux ans auparavant, terrassé par l’un de ses vieux démons : l’alcool.

Dessin Didgiv
♣ W. Holden sur la violence dans La horde sauvage : (interview 1969 Ciné revue) :
« Il est plus que temps qu’on cesse de glorifier le sadisme. Quand un homme est blessé, son sang coule, parfois abondamment. C’est ce que montre La horde sauvage, sans fard. Quand nous avons commencé à tourner, Sam Peckinpah nous dit : ‘Vous n’êtes pas des enfants de choeur mais des brutes sans morale. N’oubliez pas que nous ne tournons pas La Bible !’… Dans ce western, nous n’avons pas cherché à glorifier l’acte de tuer, mais seulement à montrer ce que l’homme peut être pour son prochain quand des instincts primitifs reprennent le dessus« .
Arizona (1940) de Wesley Ruggles
Avec Jean Arthur, William Holden, Edgar Buchanan, Regis Toomey, Victor Adamson, Addison Richards, Iron Eyes Cody, Walter Sande
Les aventures d’une caravane d’émigrants. C’est le premier western de William Holden, et son 4e film, Jean Arthur en est la vedette. Il a seulement 22 ans et chante deux chansons dans le film dont Kiss me quick and go
La peine du talion (The man from Colorado)
de Henry Levin (1948)
Colorado. 1865… Deux amis (Glenn Ford & William Holden) sont de retour après leur service dans la guerre civile. L’un d’eux a gardé des traumatismes psychologiques causés par ce qu’il a vécu
Et avec Ellen Drew, Edgar Buchanan, James Millican, Jim Bannon, Denver Pyle
Deuxième western pour le tandem Ford- Holden (après Texas), qui étaient aussi de grands copains dans la vie. Un des rares westerns de Glenn Ford où il campe un méchant. Aborde un thème rare dans les westerns : les conséquences psychologiques de la guerre Civile sur un ex-officier, juge fédéral (Glenn Ford). Audie Murphy aurait été parfait dans le rôle ! C’est l’âge d’or du western psychologique-intellectuel, genre qui culminera en 1950 avec La cible humaine puis 1952 avec Le train sifflera trois fois. Glenn Ford excelle dans ce type d’histoires et jouera dans d’autres westerns psychologiques, dont le plus fameux demeure La première balle tue (1956).
La poursuite sauvage (The revengers)
Américano-mexicain de Daniel Mann (1972)
Et avec Arthur Hunnicutt, Scott Holden, Lorraine Chanel.
Après le succès de La horde sauvage, voici reformé le tandem gagnant Ernest Borgnine-William Holden à nouveau réunis dans cette Poursuite sauvage (titre français très commercial surfant sur le succès du film de Peckinpah!) où joue aussi le Français Roger Hanin, une distribution inetrnationale pour un western qui utilise la recette des mercenaires au Mexique (comme Les sept mercenaires et Les professionnels avec déjà Woody Strode), excellente musique de Pino Calvi lorgnant vers celles de Maurice Jarre ou Elmer Bernstein.
Toutes ces références ne suffisent pas à en faire un chef d’oeuvre, mais il y a une belle réflexion sur la vengeance : quand Holden se trouve face à l’un des meurtriers, il le laisse en vie, ce qui fait dire à Borgnine. « Mais il est fou, il a un vers qui lui ronge la cervelle. Holden répond : « Non, il y a un vers qui me ronge le cœur ». Le vers de la violence et de la vengeance… contre celui du pardon et de la loi.
C’est le dernier film de Susan Hayward, qui joue l’infirmière tentant d’apaiser les ardeurs vengeresses de William Holden.
Holden racontait, à propos de ce tournage :
« Tout le monde a très mal dormi pendant le tournage, Susan Hayward et toute l’équipe étaient persuadés que nous allions être attaqués par des serpents à sonnettes qui infestaient le désert du Mexique où nous tournions (…).
Mais si on ne va pas les déranger sous leurs pierres, ils ne viendront pas vous attaquer» disait-il à un journaliste… avec dans ses bras un boa de 3 mètres de long !