JOHN WAYNE…
(1907/1979)

Le dernier des Géants
Tom Mix mit le pied à l’étrier à Marion M. Morrison en lui proposant de devenir son entraîneur de gym ; Wayne était à 18 ans, un des meilleurs joueurs de football de sa fac ; Mix lui promet de petits rôles dans des films.
Il commence comme assistant-accessoiriste puis figurant dans les films de John Ford. Raoul Walsh, impressionné par sa carrure, lui offre de jouer en vedette son prochain western ; il lui trouve au passage un nom, celui d’un héros de la Révolution contre les Anglais : John Wayne.
C’est La piste des géants en 1930 (son dernier film sera Le dernier des géants…). Il venait juste avant d’apparaitre dans un premier western, Rough romance.
Dans les années 30, pour la Columbia, puis des petites compagnies (Lone Star) et Warner Bros, il est le second rôle ou la vedette de nombreux films, et surtout des westerns Haunted gold, Texas cyclone, Ride him, cowboy (1932), Two-fisted Law tous trois de 1932, ce dernier de Ross D. Lederman, qui le dirige aussi dans The range feud (1931). Suivront The hurrican express, The telegraph trail, Somewhere in Sonora (33), L’homme de monterey (1933, qu’Eddy Mitchell nous fit découvrir en France dans une Dernière séance), il concurrence George O’Brien (vedette de la Fox) ou Randolph Scott, poulain de la Paramount.
Difficile de citer tous les westerns qu’il a tournés à cette époque, d’une durée d’environ 50 mn, souvent pour Lone Star, où il doublé par Yakima Canutt qui joue aussi accessoirement le méchant : Le chevalier du destin (Les cavaliers du destin) (1933), Texas Terror, Justice pour un innocent, Randy rides alones, Panique à Yucca City (34), L’homme de l’Utah (34), Le texan chanceux (34), Sous le ciel de l’Arizona (34), The star packer (34), The trail beyond, Le territoire sans loi (34)… L’élixir du Dr Carter (35), Rainbow valley (1935) et The dawn rider (35), King of the Pecos (35), The desert trail (35)… The lawless range (1935), WestWard Ho (35), The lawless nineties (36), Conflict (1936) pour Universal… Pour la Republic (qui a fusionné avec Lone star), The new frontier (1935), il est aussi un des « 3 mousquetaires », personnages créés par le romancier William C. Mac Donald, dans des récits qui se déroulent à une époque relativement moderne, signés George Sherman dont Santa Fe Stampede (1938), Wyoming outlaw (39), The night riders (39), Three Texas Steers (39), New Frontier (1939), Overland stage raiders, Pals of the saddle, Red river range. Mack W. Wright le dirige dans des westerns de la Warner et de la Republic, dont Winds of the wasteland.
Un jour, John Ford lui demande de lire un scénario dont il vient d’ acheter les droits. Ford lui demande s’il voit un acteur capable de tenir le rôle principal du hors-la-loi Ringo Kid. Wayne lui suggère alors Lloyd Nolan.
Ford rétorque : « Bon dieu, Duke, t’es pas capable de le jouer toi-même ? »…
Les producteurs veulent Gary Cooper ou Clark Gable, et non cet acteur de troisième ordre ; Ford, têtu comme une mule, impose Wayne, il veut surtout une distribution moins coûteuse.
La chevauchée fantastique est le second western -après La piste des géants– qui donne une nouvelle dimension à John Wayne, le film reçoit une bonne critique, et il se retrouve à côté de Gary Cooper parmi les meilleurs westerners, gagnant 150 000 dollars par film. Le couple qu’il forme avec Claire Trevor est réuni par la RKO dans Le premier rebelle (1939) puis par la Republic en 1940 dans L’escadron noir de Raoul Walsh, nouveau carton au box-office. Bingo !
Sous contrat avec la Republic, Wayne tourne néanmoins aussi pour RKO, United Artists, Universal et Paramount.
Des réalisateurs plus ambititeux comme Cecil B. DeMille commencent à s’intéresser à lui : la carrière de Wayne est relancée par des films d’aventures comme LE LONG VOYAGE (1939) de Ford et LES ECUMEURS DES MERS DU SUD, en 1942 (de DeMille), et un western en 41 : Le retour du proscrit.
La même année, dans Les écumeurs, il partage l’affiche avec Marlene Dietrich et Randolph Scott, qui joue le méchant. Wayne est désormais une méga-star. D’autres westerns vont suivre comme Sacramento (1942), La fille et son cow-boy (43) une comédie avec Jean Arthur, La ruée sanglante (43), L’Amazone aux yeux verts (44), deux Joseph Kane en 45 : La belle de San Francisco et Dakota, puis L’ange et le mauvais garçon (47), son premier film comme producteur (il impose James E. Grant à la réalisation).
En 1948, Le massacre de Fort Apache est le premier volet sur la trilogie cavalerie de John Ford. Bien avant Soldat Bleu, Ford montre dans ce film comment l’obstination d’un officier peut mener à un massacre.
Suivent La rivière rouge d’Howard Hawks, qui avait d’abord pensé à Gary Cooper pour le rôle principal et Le fils du désert (48), de Ford tourné dans le désert de Mojave ; brûlé au visage par le soleil brûlant, il avait été brièvement hospitalisé. Ford encore, pour La charge héroïque (49), avec un rôle où Wayne apparaît, comme dans La rivière rouge, grâce au maquillage, rudement vieilli (son personnage a 17 ans de plus que lui), il fait une chute de cheval pendant le tournage, et songe à se tourner vers la réalisation et la production.
Puis il joue dans et produit Le bagarreur du Kentucky.
En 1950, fin de la trilogie cavalerie de John Ford avec Rio Grande, son premier film avec Maureen O’Hara. En 52, il tourne avec elle L’HOMME TRANQUILLE. Grâce à Hondo, en 53 (qu’il produit et interprète), il se retrouve en tête du box-office, après deux années passées en 3e position, et détrône Gary Cooper (le film rapporte 4,1 millions de dollars).
Devenu roi des cowboys, La prisonnière du désert renforce encore son statut. Comme Randolph Scott, il incarne à merveille le justicier errant et solitaire, au passé trouble.

Wayne était en couverture de la BD de guerre Rangers-dessin Didgiv
En 1957, Wayne est l’acteur le plus payé sur la planète. Vient… Rio Bravo, d’Howard Hawks, tourné l’été 58 en Arizona, la quintessence du genre, et déjà un zeste de violence qui ouvre la voie à de nombreux cinéastes dans les années à venir ; Wayne, qui détestait Le train sifflera trois fois, sorti en 1952 avec Gary Cooper, expliqua qu’il avait pris avec Howard Hawks, exactement le contrepied de ce film (un homme seul contre tous…), le résultat fut au-delà des attentes : 11e au box-office de l’année 59.
Il enchaine avec Les Cavaliers de John Ford (59) puis réalise, produit et interprète Alamo en 1960, un projet qui lui tenait à cœur depuis… 20 ans, la Republic ayant refusé à l’époque, trouvant le film trop cher ! Le film fut nommé pour 11 Oscars -et n’en remporta qu’un- mais rapporta, en trois mois d’exclusivité, plus de 2 millions de dollars, bien en deça malgré tout des 6,5 millions qu’il coûta !
Les années 60 vont être celles de magnifiques westerns pour Wayne, entre classicisme et modernité. Le grand Sam (1960) est une comédie pleine de gags, puis Les Comancheros de Michael Curtiz, il incarne un Texas ranger qui recherche un homme (Stuart Whitman) recherché pour meurtre. Les deux acteurs sont en osmose.
Premier film de Wayne où il assume totalement un rôle d’ancien, rabâchant ses vieux exploits de pionnier et laissant les jeux amoureux à des personnages plus jeunes.
Un petit rôle pour Aissa, la fille de Duke et de la Mexicaine Pilar : Aissa est apparue dans 4 films de son père mais n’est pas devenue actrice (1)… Puis c’est le héros de L’homme qui tua Liberty Valance. Le personnage de Wayne intègre la notion de sacrifice : c’est sa balle qui tue le bandit Liberty Valance, mais il laisse penser au citoyens que c’est son ami qui l’a fait, ce dernier devient ainsi un homme politique influent et part avec la fiancée de Wayne, Duke se retire avec élégance dans l’ombre.
Si on a l’impression au début que Stewart va être le personnage principal (le film commence par son enterrement auquel assiste Jimmy Stewart), le déroulement de l’action et la fin montrent que c’est bien Duke le personnage central du film… Puis, il incarne le général Sherman, méconnaissable car barbu, dans une scène « calme » de l’épisode de la fresque à succès La conquête de l’Ouest, séquence réalisée par John Ford. Il avait déjà tenu le rôle de Sherman dans un épisode de La grande caravane réalisé par John Ford en 1960.
C’est l’un des plus gros budgets dans lesquels il ait tourné : 14,5 millions de dollars. Il retrouve Maureen O’Hara pour la comédie western Le grand McLintock, En 1964, Wayne a un cancer du poumon et est sauvé par un e opération. Il revient ainsi en pleine santé (mais avec un inhalateur à oxygène) tourner Les quatre fils de Katie Elder (1965) de Henry Hathaway, dans le rôle de l’aîné des quatre Elder. Notons le peu de violence et d’érotisme, par rapport aux westerns de cette époque, des films de John Wayne, comme celui qu’il coproduit ensuite, La caravane de feu (1967) de Burt Kennedy avec Kirk Douglas : Wayne supprima au montage une scène où on voit ce dernier, nu, de dos…
Enfin vient El Dorado (67), remake de Rio Bravo, signé Howard Hawks, et encore un chef d’œuvre montrant des héros éclopés, Wayne, tireur d’élite, et Mitchum, shérif alcoolique. John Wayne va continuer de jouer les héros usés, mais toujours du bon côté de la loi : celui du shérif borgne et alcoolique Cent dollars pour un shérif pour lequel il obtient le premier Oscar de sa (déjà) longue carrière puis Les géants de l’Ouest (69), et à nouveau un très bon western : Chisum (1970), un des meilleurs de cette époque, avec la scène d’anthologie où on le voit en haut d’une colline, cigarillo aux lèvres, surveillant son bétail ; encore deux bons westerns : Rio Lobo, remake de Rio Bravo et El Dorado, en 70 et Big Jake en 71.
Howard Hawks, sur le tournage de Rio Lobo, était déçu de la prestation de Wayne, déjà fatigué par le cancer qui allait l’emporter neuf ans plus tard. « Il a des difficultés à monter et descendre de son cheval. Il ne peut pas se déplacer à la façon d’ un gros chat, comme il le fait. Il doit rentrer son ventre. Ce n’est pas celui que j’ai connu avant ».
Dans Les Cowboys (71), il est abattu au premier tiers du film par le voleur de bétail Bruce Dern, il recherche de l’or caché pour la jolie veuve Ann-Margret dans Les voleurs de train (1972), il joue encore les redresseurs de torts dans Les cordes de la potence (1973) et enfin Une Bible et un Fusil (1975), un shérif borgne alcoolique dur à cuire dans un tandem avec Katharine Hepburn, fille de pasteur londonienne citant sans cesse la bible, fonctionne à merveille dans un savant dosage d’action, d’humour et d’émotion.
Pour son dernier film, au titre prémonitoire, Le dernier des Géants en 1976, Wayne s’entoure de pointures du western (James Stewart, Richard Boone, John Carradine…) mais il ne s’ entend pas avec le réalisateur Don Siegel à cause de leurs idées politiques.
Il joue un vieux tireur fatigué, las des bagarres et tueries de saloon. Il va chez son toubib (James Stewart) qui lui confie qu’il un cancer. Ce film fait écho au crépuscule de sa vie.
Duke mourra d’un cancer, trois ans plus tard en juin 1979. Le dernier des géants s’en est allé… cette fois pour de bon.
Films policiers :
UN SILENCIEUX AU BOUT DU CANON (1974)
BRANNIGAN (1975)
Gunsmoke et Hondo. En 1955, John Wayne, qui a lancé la carrière de James Arness, présente le 1er épisode de la série Gunsmoke. Elle comptera 20 saisons jusqu’à 1975, le record des séries western ! En 1967, la Batjac de Wayne produit la série Hondo (17 épisodes), suivie d’un tvfilm -fusion de deux épisodes- dans lequel on voit Robert Taylor, Michael Rennie. Wayne espérait que cette série devienne aussi populaire que Gunsmoke… mais elle fit long feu.
Biographie. Pilar Wayne a écrit John Wayne : my life with the Duke, en 1987.
Box-office.
En 1971, un sondage fait auprès des exploitants de salles américains plaçait John Wayne en tête du box-office et Clint Eastwood en 2e position. En 1972, Eastwood avait pris la place de Wayne, qui était tombé au 4e rang. En 73, Eastwood est toujours n°1, et Wayne n’est plus qu’à la 9e place. On peut dire que Clint a pris la place du Duke dans le western… à cette époque !
Autres dessins de John Wayne :

UN SILENCIEUX AU BOUT DU CANON
John Waynev a failli etre assassiné par Staline !
Selon le site We Are the Mighty, pendant la guerre froide, Joseph Staline aurait envoyé deux membres du KGB, déguisés en agents du FBI pour assassiner John Wayne. Tentative qui aurait été confirmée par le successeur de Staline, Khrouchtchev, quelques années après.
Le cinéma, outil de propagande, était solidement contrôlé par les Soviétiques. Depuis son studio, Staline regardait des films du monde entier pour autoriser leur éventuelle diffusion. Il aimait particulièrement, parait-il, les westerns américains, Frank Capra et Chaplin !
John Wayne était un fervent anticommuniste, avant même la chasse aux sorcières McCarthyste qui mit des bâtons dans les roues aux acteurs et cinéastes ayant des sympathies communistes à Hollywood et à laquelle il participa activement.
Le FBI serait informé de cette tentative d’assassinat en 1949. Informé, l’acteur aurait décidé d’aider à coincer les deux agents russes, avec son ami cascadeur Yakima Canutt et le scénariste Jimmy Grant. Une version raconte que les tueurs sont entrés et ont été immédiatement capturés par les agents du FBI. Une seconde, rapportée par Michael Munn dans la biographie de John Wayne L’Homme derrière le Mythe, soutient que Wayne aurait réussi à enlever les deux agents puis simulé leur exécution sur une plage pour dissuader Staline d’envoyer d’autres espions.
D’autres informations avancent que des agents du KGB essayèrent d’enlever Wayne sur le tournage au Mexique de Hondo.
Pendant toute cette époque où Wayne se savait menacé, il refusa une protection du FBI et ne dit rien de tout ça à sa propre famille. Il déménagea simplement dans une nouvelle maison entourée de hauts murs défensifs. Jamais il ne parla de ces incidents publiquement pour ne pas inquiéter ses proches.
Quand Wayne rencontra Khrouchtchev en 1958, celui-ci lui affirma qu’il fit annuler cet ordre de Staline. Le dernier des grands géants soviétiques n’a pas réussi à éliminer… le dernier des géants du Western !
L’ange et le mauvais garçon (Angel and the bad man)
De James Edward Grant (1947)
Un tireur réputé (John Wayne), qui veut venger le meurtre de son père par un bandit (Bruce Cabot), décide de se ranger par amour pour une belle jeune femme (Gail Russell)…
Et avec Lee Dixon, Irene Rich, Paul Hurst, Hank Worden.
Cascades : Richard Farnsworth, Chuck Roberson
Un des plus beaux westerns de Wayne des années 1940, l’acteur était alors à son apogée, et le restera jusqu’aux années 1960, avant de jouer les cowboys vieillissants.
The angel and the outlaw était le titre de tournage de ce western de la Republic tourné l’été 46. Premier film que produisit Wayne, avec le thème de la non-violence (le héros tombe amoureux d’une Quaker).
Il donna le second rôle à son copain Bruce Cabot, il put aussi imposer le scénariste du film, James E. Grant, à la réalisation (un de ses deux seuls films, Grant a aussi été le scénariste d’autres films de Wayne comme BIG JIM McLAIN, LE BARBARE ET LA GEISHA. Wayne reste dans son registre forgé par John Ford depuis La chevauchée fantastique (le hors-la-loi au grand coeur), Gail Russell, dans la peau d’une Quaker tentant de mener le mauvais garçon sur le droit chemin, trouve là un de ses plus beaux rôles. Résultat plutôt surprenant, excellent western, romantique, dommage qu’E. Grant n’ait pas prolongé sa carrière de réalisateur
