James Stewart (1908-1997)
Avec sa grandeur, son apparente maladresse ou naiveté, son côté intègre, il incarne des ‘good guys’, des personnages déterminés et mus par une morale intangible (on l’a rarement vu dans des rôles de méchant).
Son premier film dans le genre est un musical, Rose-Marie (1936) ; puis, Of human hearts (1938), histoire d’une famille pendant la guerre de Sécession. Stewart obtient un premier rôle en 1939 dans un western parodique de George Marshall, Femme ou démon, avec Marlene Dietrich, ils ont une liaison qui dure le temps du tournage, Marlène serait tombée enceinte et aurait avorté.
Suit grand classique : La flèche brisée en 1950, où il incarne un trappeur blanc qui s’est lié d’amitié avec Cochise. La même année, Stewart voit au cinéma l’autre western pro-indien La porte du Diable d’Anthony Mann et veut à tout prix travailler avec lui, il le contacte : tous deux vont alors entamer une collaboration fructueuse qui va donner naissance à des fleurons du genre.
Dans Winchester 73 (1950), James Stewart recherche son frère, qu’il veut chatier car il a tué leur père adoptif… C’est du grand et beau western ! Les affameurs (51) est leur 2e western ensemble : il est un ancien hors-la-loi qui veut se ranger, et devenu guide d’un convoi de pionniers allant vers l’Ouest ; il sauve du lynchage une vieille connaissance…
Dans L’appât (1953), il traque le bandit Robert Ryan, et dans Je suis un aventurier (54), c’est un aventurier dont le troupeau est confisqué par un juge, enfin L’Homme de la plaine (55). Puis Le survivant des monts lointains. John Ford, admirant son talent, prend le relais à Mann et le fait jouer dans Les deux cavaliers, et L’Homme qui tua Liberty Valance en 1961, au côté de John Wayne, une de ses meilleures compositions.
Son personnage, idéaliste, soucieux d’une justice collective, s’oppose à l’individualisme de Wayne, cow-boy pur et dur, qui met les choses au clair : « Ici, chacun règle ses problèmes tout seul ! ». C’est un des meilleurs rôles de Jimmy Stewart.
Puis une séquence humoristique : il est Wyatt Earp bigleux et as de la gâchette dans Les Cheyennes, de Ford toujours et montre son talent dans le registre de la comédie.
En1962, un des personnages principaux de la superbe épopée La conquête de l’Ouest, le trappeur amoureux de Carroll Baker…
Puis 2 westerns d’Andrew McLaglen : Les prairies de l’honneur (65) et Rancho Bravo (66), où il joue un homme acceptant de convoyer pour Maureen O’Hara et Juliet Mills un taureau qui doit donner du sang neuf à la race des longues cornes du Missouri…
Stewart retrouve son ami Henry Fonda pour Les cinq hors-la-loi (68), et Dean Martin dans Bandolero ! (68). Gene Kelly le dirige dans la comédie western Attaque au Cheyenne Club (1970), avec encore Henry Fonda, et Don Siegel dans Le dernier des géants, qui est en 1976, le dernier… film de John Wayne. Stewart incarne le vieil ami médecin du vieux justicier qui lui apprend qu’il a un cancer. Avec aussi Richard Boone, que Stewart retrouvera en 1978 dans le polar LE GRAND SOMMEIL.

WINCHESTER 73-dessin Didgiv
Les affameurs (Bend of the river) D’Anthony Mann (1951)
Scénario de Borden Chase
1847. Deux aventuriers (James Stewart et Arthur Kennedy) se joignent à une colonie de pionniers traversant l’Oregon.
Et avec Julie Adams, Rock Hudson, Lori Nelson, Jay C. Flippen, Howard Petrie, Chubby Johnson, Royal Dano…
2e collaboration Anthonny Mann/James Stewart après Winchester 73 en 1950 (avec aussi Rock Hudson). L’acteur joue un homme entré dans le droit chemin mais dont le passé ressurgit à la faveur des circonstances.
Mann filme des paysages montagnards et fluviaux de toute beauté. Il disait :
« Je ne comprends pas pourquoi la quasi-totalité des westerns sont tournés dans des paysages quasi-désertiques, comme John Ford avec la Monument Valley. En fait le désert ne représente qu’une portion de l’Ouest américain. J’ai voulu montrer les montagnes et les torrents, les sou-bois et les cîmes neigeuses, bref, retrouver tout un climat qui évoque Daniel Boone le trappeur»

Rock Hudson
Le survivant des monts lointains/Night passage (1957)
De James Neilson (Universal).
Scénario : Borden Chase et Norman A. Fox
Musique : Dimitri Tiomkin. Chanson Follow the river par James Stewart à l’accordéon.
Avec :
James Stewart : Grant McLaine/Audie Murphy : Utica Kid
Dan Duryea : Whitey Harbin/Dianne Foster : Charlotte Drew/Brandon de Wilde : Joey Adams
Une entreprise de chemins de fer dans le Colorado fait appel à un de ses ex-contremaitres Grant McLane pour trouver des bandits qui volent la paye des ouvriers, le jeune Utica kid, le propre frère de Grant, et son boss Harbin…
Première production en Technirama, le producteur proposa à Anthony Mann de le réaliser, qui refusa, trouvant l’histoire incohérente (Borden Chase est pourtant un très bon scénariste).
Le film fut un échec, au grand désespoir de James Stewart (à l’époque dans le top ten des acteurs qui généraient le plus de recettes), qui aurait gardé une rancune contre Mann.
Au final, un western très conventionnel, sans surprise, qui vaut le détour pour la rencontre James Stewart-Audie Murphy, très beau avec sa veste en cuir noir, deux des plus grandes stars de westerns de l’époque et aussi Dan Duryea, en méchant, qu’affrontait déjà James Stewart en 1950 dans WINCHESTER 73.
Et aussi pour ce dernier poussant la chansonnette avec un accordéon !
Dan Duryea et Audie Murphy jouaient déjà ensemble dans Chevauchée avec le diable en 1954.
Attaque au Cheyenne club (The Cheyenne Social club)de Gene Kelly (1970)
Sitôt qu’il apprend que son frère lui a légué le Cheyenne social Club, John O’Hanlan, un cowboy, part s’installer dans la respectabilité mais découvre que l’établissement en question est une maison close très hospitalière…
Avec Henry Fonda, James Stewart, Shirley Jones, Sue Ann Langdon, Robert Middleton, Dabbs Greer, John Dehner
Produit par le National General Pictures Co., ce western fut un petit succès. La paire d’as James Stewart/Henry Fonda, deux ans après Les cinq hors-la loi, se retrouve réunie dans un western plaisant, qui fait preuve d’une certaine finesse dans l’humour, registre dans lequel excelle particulièrement Jimmy Stewart. Pour le dernier film qu’il réalise (et produit), Gene Kelly a su choisir les interprètes qui convenaient. Léger et sans prétention, avec de beaux paysages et couchers de soleil malgré tout.