LES CHEYENNES De John Ford (1964)
(et quelques séquences tournées par Ray Kellog)
Production : John Ford et Bernard Smith
Scénario de James R. Webb, d’après les récits de Mari Sandoz et Howard Fast
Musique : Alex North
Photo : William H. Clothier
Avec :
Richard Widmark : Capitaine Archer
Carroll Baker : Deborah Wright
Dolores del Rio : l’Espagnole, épouse de Dull Knife
Sal Mineo : Red Shirt
Ricardo Montalban : Little Wolf
Gilbert Roland : Dull Knife
Patrick Wayne : Lt. Scott
Karl Malden : Capitaine Wessels
Mike Mazurki : Sergent Wichowsky
James Stewart : Wyatt Earp
Arthur Kennedy : Doc Holliday
Elizabeth Allen;John Carradine ; Edward G. Robinson, George O’Brien, Sean McClory, Ken Curtis, Victor Jory, Willis Bouchey, Harry Carey Jr., Ben Johnson, Mae Marsh, John Qualen
1878. Des Cheyennes, sous la houlette de leur chef Dull Knife, sortent de leur réserve aride pour retourner vers les terres verdoyantes de leurs aïeux, dans le Wyoming, ils doivent parcourir 1200 miles, pourchassés par une unité de Cavalerie et vaincre le froid, la famine, les maladies
C’est l’avant-dernier film de John Ford et son dernier western. Il reprend un de ses thèmes de prédilection, qu’on retrouve notamment dans LES RAISINS DE LA COLERE, celui de la dépossession d’un territoire, qui renforce la cohésion d’un groupe ou d’une famille
Ford stigmatise les préjugés et les violences dont sont victimes les Indiens, mais essaie d’en comprendre l’origine, qu’elle soit chez les Blancs ou les Indiens
Cette grande fuite fait penser aux longues marches tragiques de peuples indiens poursuivis par l’armée américaine, les Cheyennes bien sûr, mais aussi celle de Chef Joseph et des Nez-percés
La distribution est éblouissante comme un lingot d’or, c’est une des plus belles affiches du western, réunissant des vedettes et des grands seconds rôles du genre, dont nombre de fidèles de John Ford : Richard Widmark et Carroll Baker, la jolie quaker qui défend les Indiens, font tout pour éviter le massacre, Karl Malden est un officier alcoolique et brut de décoffrage qui n’obéit qu’aux ordres, Sal Mineo, éternel rebelle, interprète le jeune cheyenne belliqueux. Magnifique Dolores del Rio, dans le rôle de l’épouse de Dull Knife (joué par Gilbert Roland), Patrick Wayne campe un jeune lieutenant qui a la rage au cœur depuis que son père a été tué par les Indiens, Richard Widmark tempère ses ardeurs guerrières… comme il le peut
Dans un intermède comique, on voit John Carradine jouer aux cartes avec un Wyatt Earp bigleux (étonnant James Stewart), et Mike Mazurki, très bon dans le rôle d’un sergent porté sur la bouteille qui refuse de se battre contre ces « pauvres diables » de Cheyennes, il traite son supérieur (Widmark) de « fiston » !
Avec un beau budget (4,2 millions de dollars), Ford signe un vibrant plaidoyer en faveur d’un peuple déraciné et résigné, notamment à travers le discours du politique, Edward G. Robinson, qui critique les spéculateurs s’appropriant les terres d’Indiens parqués comme des bêtes dans les réserves
Les Cheyennes sont joués par des Navajos, mais les rôles principaux par des acteurs américains comme Ricardo Montalban ou Gilbert Roland, qui interprète Dull Knife (petit buffle dans la VF), le titre de la version originale -« L’automne cheyenne »- est aussi plus poétique
C’est le dernier film et western de George O’Brien, que Ford révéla avec son Cheval de fer en 1924
♦ Le soldat bleu de Ralph Nelson évoquera en 1970 le massacre d’un village de Cheyennes de Sand Creek, c’est un peu la prolongation du cinéma de John Ford, mais beaucoup plus violent, et métaphore aussi de massacres qui auront lieu au Viet-Nam à la fin des années 60. Dans la droite lignée de Carroll Baker, Candice Bergen reprendra le flambeau de la femme blanche défendant les Indiens.
DOLORES DEL RIO
(3 1904/11 1983)
Première actrice mexicaine à avoir une aura internationale, Dolores del Rio venait d’une famille aristocratique chassée de ses terres durant la révolution au Mexique, et qui émigra à Mexico. Elle fut une des grandes stars des années 1920 et devint l’archétype de la beauté mexicaine les décennies suivantes. C’était la cousine de Ramon Novarro, elle eut une liaison avec Orson Welles (qui déclara que c’était la femme la plus excitante qu’il ait jamais connue), et une des meilleures amies de Marlene Dietrich, qui déclara qu’elle était « la plus belle femme d’Hollywood ». Sympa, la copine !
En 1934, Dolores del Río est victime de la « chasse aux sorcières » anticommuniste, elle se retrouve accusée de promouvoir le communisme en Californie, ce qui nuira à sa carrière. Elle reviendra au Mexique en 1942.
Westerns :
The trail of ’98 (1928)-El caliente (1935)-L’homme de Dakota (1940)-Dieu est mort (1947)-Les rôdeurs de la plaine (1960)-Les Cheyennes (1964)
A caliente (1935) de Lloyd Bacon
Avec Dolores del Rio, Pat O’Brien, Leo Carillo, Soledad Jimenez, Henry Da Silva, Martin Garralaga, Chris Pinn-Martin, Judy Canova