HENRY FONDA (1905/1982)
Henry Fonda fait partie de la grande famille du western américain, et aussi plus tard du western-spaghetti, comme Charles Bronson ou Lee Van Cleef.
Il interpréte avec talent et beaucoup de décontraction des héros flegmatiques et idéalistes à la silhouette élégante, avec son grand regard clair et sa douce voix nasillarde ; alors que le western est en plein déclin, dans les années 60, il prend l’extraordinaire pari de jouer un scélérat qui abat froidement des gamins dans Il était une fois dans l’Ouest, quitte à désarçonner et même décevoir son public…habitué jusque-là à le voir dans des rôles de justicier ou de redresseur de torts intègres
Ses premiers films en lien avec le western n’en sont pas vraiment mais plutôt des films romantiques se déroulant au 19e s., il est plongé d’abord sur la Canal Erié : La jolie batelière de Victor Fleming, en 1935, puis dans l’univers du cirque : La belle écuyère (1940) de Henry King où il tombait amoureux de deux jolies foraines dans un cirque.
Puis, il interprète un sympathique hors-la-loi, Frank, le frère de Jesse James (Tyrone Power), en 1939, Le brigand bien-aimé de Henry King, une biographie romancée des célèbres frangins, rôle qu’il reprendra dans la suite Le retour de Frank James, cette fois réalisé par Fritz Lang… sans Tyrone.
En 1939, Henry Fonda incarne Abraham Lincoln dans ses jeunes années d’avocat (Vers sa destinée de John Ford), puis se glisse dans la peau et les habits d’un colon affrontant des Mohawks hostiles dans l’épique Sur la piste des Mohawks un des fleurons du genre, à cette époque.
Il est la vedette de L’étrange incident (1943) de William A ; Wellman, ce western dénonce l’hystérie collective -un curieux écho de ce qui se passe en Europe à l’époque-, à travers une histoire de lynchage.
De nouveau avec La poursuite infernale (1946), toujours chez Ford, il incarne comme souvent, la droiture le courage et l’honnêteté, la douceur aussi, dans un univers rude et sauvage, le personnage de Wyatt Earp lui va naturellement comme un gant. Et il retrouve Linda Darnell, vedette de la Fox, qui joue Chihuahua.
Son image va toutefois évoluer, avec des rôles plus nuancés, au fil des westerns.
Dans Le massacre de fort Apache, par exemple, il endosse l’uniforme du lieutenant-colonel inflexible et autoritaire sans respect pour les Apaches, John Wayne, plus humain, s’oppose à son autorité…
Du sang dans le désert (57) d’Anthony Mann, brosse le portrait d’un homme de loi cynique initiant un tenderfoot (pied-tendre) (= un jeune homme inexpérimenté) Anthony Perkins, au dur métier de shérif… Ses personnage gagnent en maturité.
En 1959,on a tendance à l’oublier, il est le héros d’une série western, The Deputy (59-61), et brille encore sur grand écran aux côtés d’Anthony Quinn dans le western psychologique L’Homme aux colts d’or d’Edward Dmytryk : Clay Blaisdell, un as de la gâchette dont les crosses des colts sont en or, est chargé par les citoyens d’une ville de les défendre contre une bande de pillards.
Trois ans plus tard, Fonda retrouve Widmark dans l’épisode sur le chemin de fer de l’épopée La conquête de l’Ouest, où il campe un chasseur de bisons. Il joue avec Maureen O’Hara dans La montagne des neuf Spencer (il la retrouvera en 1973 dans Le poney rouge) dans Le mors aux dents
Ses westerns suivants sont plus légers et lorgnent vers la comédie… Après Gros coup à Dodge City (65), une comédie savoureuse sur le poker, Fonda tourne deux westerns avec son ami James Stewart, Les cinq hors-la-loi (1968) et Attaque au Cheyenne Club en 1970, de Gene Kelly.
Suivent le méconnu Welcome to hard times (1967) de Burt Kennedy et un téléfilm, L’homme en fuite (67) de Don Siegel.
A mille lieues des personnages qi’l campait au début de sa carrière, à l’opposé même, Henry Fonda effectue alors le surprenant virage d’Il était une fois dans l’Ouest, le chef d’œuvre de Sergio Leone avec un rôle de méchant caricatural et étonnant… abattu par un autre grand nom du western : Charles Bronson !
Ses derniers westerns sont deux films étonnants, où il montre encore d’autres facettes de son talent : Le reptile (1971) avec Kirk Douglas, et son 2e western-spaghetti Mon nom est personne avec Terence Hill, dans lequel il joue le rôle d’un gunfighter âgé qui décide de se ranger.
Enfin, on le découvre enfin en vieux prospecteur dans Wanda Nevada, que réalise son fils Peter en 1979, et dans l’uniforme d’un colonel dans des épisodes de la saga télé Racines 2 cette même année.
♣ Science-fiction : METEOR (1979) de Ronald Neame
♥ Polars : MADIGAN (1968)
La poursuite infernale (My darling Clementine)-De John Ford (1946)
Scénario : Samuel G. Engel et Winston Miller
Musique : Cyril J. Mockridge
Avec Henry Fonda : Wyatt Earp
Linda Darnell : Chihuahua
Victor Mature : Doc Holliday
Walter Brennan : Ike Clanton
Cathy Downs : Clementine Carter
Tim Holt : Virgil Earp
Ward Bond : Morgan Earp
Et John Ireland, Francis Ford, Jane Darwell, Grant Whiters, Robert Adler, Mae Marsh
Les événements qui entourèrent la fusillade d’O.K. Corral, le 26 octobre 1881 : pour venger la mort d’un de ses frères, Wyatt Earp, éleveur de bétail, devient shérif à Tombstone…
On a tendance à l’oublier, ce western est produit par la Batjac de John Wayne pour la Century Fox, qui impose Linda Darnell au réalisateur, car un contrat la lie alors à la Fox.
John Ford adapte la biographie de Wyatt Earp, Frontier marshal, de Stuart N. Lake, qui est sortie en 1931. La première version date de 1934, c’est FRONTIER MARSHAL avec George O’Brien.
Ford tourne dans ses décors naturels de prédilection (Monument Valley) et présente ici un Wyatt Earp authentique et idéaliste, campé par un Henry Fonda impeccable.
C’est une première démythification du personnage, mais la réalité n’est pas respectée en ce qui concerne Doc Holliday, qui était en réalité un redoutable assassin.
Ford met en image et oppose deux thèmes qui lui sont chers, celui du mouvement (la solitude), et de l’enracinement, lié à la femme.
C’est d’ailleurs un personnage féminin de l’histoire qui donne son titre (original) au film : Clementine, jouée par Cathy Downs.
Gros succès, un budget de 2,2 millions de dollars, pour des recettes aux USA de 2,75 millions.
Drums along the Mohawk (Sur la piste des Mohawks) de John Ford (1939)
1776. Les 13 colonies anglaises ont déclaré leur Indépendance et sont entrées en guerre contre l’Angleterre. C’est dans ce contexte qu’un couple de colons, Gil (Henry Fonda) et Lana (Claudette Colbert) s’installe aux Etats-Unis.
Et avec :
Edna May Oliver, Eddie Collins, John Carradine, Dorris Bowdon, Jessie Ralph, Arthur Shields, Elisabeth Jones, Chief John Big Tree, Tom Tyler.
Tous les ingrédients de la flamboyante épopée patriotique et lyrique, avec d’héroïques chevauchées, des colons téméraires, des Indiens sauvages dans les années 1770… l’aventure avec un grand A !
Mené tambour battant par un John Ford très inspiré, c’est son premier film en couleur et c’est 100% d’action. Le film est en partie basé sur des faits réels, notamment la Bataille d’Oriskany. Le cinéaste tourne la même année sa célèbre Chevauchée fantastique avec John Wayne, dans lequel joue aussi John Carradine. Dans ces deux westerns, Ford montre les Indiens comme d’abominables sauvages hurlant, cette image négative se modifiera tout au long de sa filmographie, pour aboutir à des oeuvres plus nuancées comme Les Cheyennes. Le premier Indien à apparaître dans le film est Chief John Big Tree, que John Ford dirigera à nouveau dans La Charge héroïque en 49. Cet Indien Senecas joua dans le muet et ensuite dans de nombreux westerns, on le retrouve aussi la même année dans La chevauchée fantastique.