Gary Cooper (1901/1961)
L’éternel Westerner
Par le nombre de westerns qu’il a tournés, son talent, ses choix et ses rencontres, il s’est hissé au sommet de ce genre. Souvent imité, jamais égalé, il personnifie, mieux que quiconque, avec sa haute silhouette, le justicier intrépide, séduisant, solide et réfléchi.

Dessinateur doué. Avant de se lancer dans le ciné, il se rend à Los Angeles avec l’objectif de travailler comme dessinateur de pub
Une image qu’il construit dès ses premiers films en étant cascadeur et figurant, dès 1925, dans une cinquantaine de films, acceptant toutes les propositions. « Certains jours, j’étais un cowboy le matin, et un Indien l’après-midi », aimait-il raconter.
The thundering herd, Wild horse mesa, The lucky horsehoe et The enchanted hill sont les premiers westerns recensés de Gary Cooper.
Petit à petit, son physique agréable, sa décontraction et sa sympathie conquièrent les réalisateurs, en plus c’est un bon cavalier.
Il émerge juste avant une autre icône du genre, John Wayne et comme lui, il représente idéalement l’esprit héroïque américain, il est beau et élégant.
Ce côté chevaleresque contraste à l’époque avec l’aspect bourru de certaines stars de western comme W. S. Hart ou Gilbert Anderson.
Suivent The vanishing American, La fille du désert avec un look à la Tom Mix : certains critiques trouvent qu’il est meilleur que l’acteur principal Ronald Colman ! C’est le western qui le révèle vraiment, critiques et public le découvrent dans un film où il n’est pas que figurant.
Le 1er western dans lequel il a le rôle principal est Le démon de l’Arizona en 1927, puis Au service de la loi, se livrant à de remarquables prouesses équestres.

Le jardin du diable. Ce fut le 81e film de Coop et le 1er tourné en cinémascope. Il retrouve Susan Hayward après BEAU GESTE en 1939.
Le public le découvre en 1929 dans deux westerns signés Victor Fleming. Le premier est avec la délicieuse Lupe Velez dans Le chant du loup…
Un magnifique western romantique avec quelques scènes sonores (dont les chansons de l’actrice) de Victor Fleming (un des réalisateurs, dix ans plus tard, d’Autant en emporte le vent) ; la romance entre Cooper et la comédienne boostent le succès du film, ils sortent ensemble pendant le tournage du film. Ils resteront 3 ans ensemble, Gary la couvre de cadeaux, mais Lupe a un tempérament explosif, jaloux, la mère de Gary veille sur son fiston. Ils rompent, Gary Cooper fait une dépression et aurait perdu 10 kilos.
Et pour le second en 1929, l’acteur Randolph Scott (qui est alors plus célèbre que lui) aide Gary Cooper à attraper l’accent du sud pour son premier film parlant : The Virginian.
Il sera ensuite un capitaine nordiste dans Only the brave (1930), puis un bandit dont la tête est mise à prix dans L’Homme du Texas avec Fay Wray.
Dans The spoilers (1930), il campe le propriétaire d’un gisement d’or en Alaska , dans la version du roman de Rex Beach. Il joue avec William Boyd, une des plus grandes stars de westerns des années 1920-1930…
Encore deux superbes western en 1931 : Fighting caravans (L’attaque de la caravane), d’après un roman de Zane Grey, où on le voit flirter avec la Française Lily Damita et la comédie sentimentale I take this woman avec Carole Lombard.
Après quelques comédies, l’acteur est plongé dans l’univers de l’espionnage lors de la guerre de Sécession pour Operator 13 (1933).
Gary a définitivement gagné ses galons de star. Dans Une aventure de Buffalo Bill, en 1936, il incarne Bill Hickok avec dans ses bras une des plus célèbres actrices de cette époque, Jean Arthur.
Il postule pour le rôle de Rhett Butler pour Autant en emporte le vent, en 1938, c’est Clark Gable qui est choisi, Cooper a aussi failli être cette même année le Ringo Kid de La chevauchée fantastique, mais John Ford qui veut un acteur moins cher, impose Wayne. Il joue un cowboy de rodéo dans Madame et son cowboy : trois Oscars.

avec Sigrid Curie dans LES AVENTURES DE MARCO POLO (par Didgiv)
Ce n’est qu’en 1945 qu’il réendosse la tenue du cow-boy pour Le grand Bill, comédie western limite burlesque de Stuart Heisler. Les critiques flinguent L’Intriguante de Saratoga la même année avec Ingrid Bergman.

Les tuniques ecarlates. Premier film entièrement en Technicolor. Il remporta cinq prix de l’Académie du cinema
Peu importe, d’autres aventures attendent le grand Gary, dans un western en Technicolor où il
retrouve le souffle de l’épopée- et aussi Cecil B. DeMille et Paulette Goddard- : c’est Les conquérants d’un nouveau monde, il joue un officier de la milice de Virginie qui mate une rebellion de 18 tribus indiennes.
Puis, Le roi du tabac en 1950, avec Patricia Neal, saga dont l’histoire se déroule dans les plantations de tabac. Dallas, la même année, est une histoire de vengeance.

« City streets » par Didgiv
En 1951, Cooper joue son propre rôle dans STARLIFT (1951) de Roy Del Ruth, qui n’est pas un western, mais une comédie musicale où l’on retrouve des célébrités du cinéma, jouant dans une revue pour militaires : Gary Cooper apparaît en shérif, avec James Cagney, Randolph Scott, Jane Wyman ou Frank Lovejoy, tous sont des vedettes invitées, acteurs d’un show western.
Ils chantent ensemble Look out, stranger, I’m a Texas Ranger… Music !
Arrive alors Le train sifflera trois fois, le western entre alors dans l’âge « adulte ».. Et Cooper se trouve au sommet de son art, avec des rôles plus psychologiques, même si l’action primera toujours dans ses westerns.
Cooper, dans le rôle d’un shérif âgé abandonné de tous reçoit de nombreux éloges et un Oscar. Le couple qu’il forme avec Grace Kelly, tout comme la balade musicale, en font le chef d’œuvre de l’année 52.
La même année, éclipsé par High noon, La mission du Commandant Lex, du pote de Cooper, André de Toth, ne reçoit pas tout le succès qu’aurait dû obtenir cet efficace western. Springfield rifle narre les premiers pas du contre-espionnage
Cooper incarne un Nordiste qui infiltre les bandes de rénégats pour savoir comment sont volés les chevauxde l’Armée… Tous les westerns dans lesquels tourne par la suite Cooper sont devenus des classiques :
en 1954, Le jardin du Diable…
Il forme ensuite un épatant tandem avec Burt Lancaster dans Vera Cruz de Robert Aldrich : ex-colonel sudiste qui va combattre, avec son compère, pour les deux camps, loyalistes et rebelles, lors de l’insurection mexicaine de 1866… Succession de trahisons et annonce déjà le cinéma de Peckinpah, qui a d’ailleurs certainement été influencé par ce film.
Puis il se retrouve plongé dans la guerre de Sécession, avec La loi du Seigneur (autre western d’un scénariste victime du McCarthysme) (56) de William Wyler. Il joue le patriarche d’une famille de quakers confrontée à des choix difficiles et dilemmes alors que la guerre fait rage. Succès commercial et grand Prix du Festival de Cannes en 57.
Année suivante, L’Homme de l’Ouest (1958) est un superbe western psychologique, essentiellement tourné en intérieurs, mais un des premiers échecs dans la carrière de Cooper.
Enfin, Gary Cooper joue avec Karl Malden dans La colline des Potences en 1959, de Delmer Daves, étude de caractères prenant pour cadre la ruée vers l’or du Montana des années 1870.
Il fait plaisir à son ami Bob Hope en apparaissant, comme de nombreuses autres vedettes (James Arness, James Garner…) dans Alias Jesse James… en 59, deux ans avant sa mort.
Un de ses derniers films est Ceux de Cordura, qui narre une expédition menée au Mexique contre les révolutionnaires en 1916.

THE PLAINSMAN by DIDGIV
John Wayne rencontre Gary Cooper :
LES AVENTURES DU CAPITAINE WYATT

LA FILLE DU DESERT
dessins de Didgiv :

Vera Cruz

Pour qui sonne le glas

Today we live

Wolf Song avec Lupe Velez


dessin Didier Givannel

LES TUNIQUES ECARLATES par Didgiv

Wolf song by Didgiv
LE CAVALIER DU DESERT-De William Wyler (1940)
Scénario : Jo Swerling, Niven Busch-Musique : Dimitri Tiomkin
Avec
Gary Cooper : Hardin
Walter Brennan : Roy Bean
Doris Davenport : Jane Matthews
Et Chill Wills ; Dana Andrews ; Lilian Bond
Injustement accusé d’avoir volé un cheval, Cole Hardin comparait devant le juge Roy Bean. Cole dit au juge que Lily Langtry, célèbre actrice anglaise que ce dernier admire, est l’une de ses amies.
Le juge le libère aussitôt, et Cole promet de lui donner une boucle de cheveux de la belle Lily…
Gary Cooper revient au western dans la peau d’un sympathique et laconique cowboy tombant dans le piège de la canaille de juge Roy Bean joué par Walter Brennan. C’est ce dernier qui reçut les meilleures critiques à sa sortie -à juste titre, car il livre une performance étonnante- et en plus un Oscar, le 3e de sa carrière (Brennan fut le premier acteur à recevoir trois oscars). Le récit se déroule sur un rythme volontairement lent, qui permet une étude de caractères, mais l’action et les rebondissements maintiennent l’attention, le film aborde le thème qu’on retrouve le plus dans les westerns, les rivalités entres fermiers et éleveurs. Peu d’action et beaucoup d’humour, ce qui explique que ce western eut moins de succès que les autres westerns à gros budget de l’année 1939.
L’humour est présent dans la peinture du juge Bean, magistrat local à la justice expéditive, amoureux de Lily Langtry, jouée par la jolie Anglaise Lilian Bond ; Langtry était une célèbre comédienne de théâtre anglaise, surnommée « Jersey Lily », née en 1853, elle joua dans un seul long métrage, HIS NEIGHBOR’s WIFE (1913).
Roy Bean était en fait barman et juge, il avait aussi fait de la contrebande d’armes à feu entre le Mexique et les Sudistes lors de la guerre de Sécession. C’est un des premiers westerns qui évoque ce personnage. Il sera le personnage principal d’une série de 1956-57, JUDGE ROY BEAN, avec Edgar Buchanan ; au cinéma, il a été interprété depuis par Victor Jory, Jack Palance, Paul Newman… et (!) Pierre Perret, dans La loi à l’Ouest du Pecosé, en 1971.

Roy Bean

The Jersey Lily Saloon – Langtry
Le roi du tabac (Bright Leaf)-de Michael Curtiz (1950)
Musique : Victor Young
Avec
Gary Cooper : Brant Royle
Lauren Bacall : Sonia Kovac
Patricia Neal : Margaret
Donald Crisp : cdt Singleton
Jeff Corey : Barton
1894. Brant Royle, un fermier chassé de chez lui il y a plusieurs années par le magnat du tabac Singleton, est de retour dans sa ville natale, en Caroline du nord, pour y percevoir un héritage. Il rencontre John Barton, inventeur d’une machine à cigarettes et Malley, un rebouteux. Il demande à une ancienne amie, Sonia, de lui avancer les fonds pour exploiter l’invention de Malley. Elle accepte, c’est un énorme succès…
Cette saga romanesque décrit l’affrontement entre deux hommes dans le cadre des plantations de tabac du sud : Patricia Neal, dans le rôle d’une « southern belle », prend l’accent du sud, cette actrice, qui fut la maîtresse de Gary Cooper dans les années 40, avait déjà joué avec lui dans LE REBELLE en 1948.
Le film a reçu de mauvaise critiques à sa sortie, qui n’ont épargé ni Lauren Bacall, ni Patricia Neal. Il n’en demeure pas moins un bon divertissement, et c’est l’une des rares fois où l’on voit Cooper dans le rôle d’un homme ambitieux et arrogant
Scénario : Charles Marquis Warren et Charles Davis
Avec
Gary Cooper : Kearny
Phyllis Thaxter : Earin Kearny
David Brian : Mac Cool
Paul Kelly : colonel Hudson
Lon Chaney Jr : Elm
Philip Carey : Tennick
Et James Millican, Alan Hale Jr.
Guerre de Sécession, des pillards attaquent les convois de chevaux nordistes. Un traître se trouve parmi les renseignements, le capitaine Tennick accuse le commandant Lex Kearny d’abandonner les chevaux sans combattre les pillards, il est dégradé.
Il va en prison, d’où il s’évade avec deux pillards, puis entre dans les rangs de l’armée ennemie. Il récolte en fait des renseignements sur les vols de chevaux qu’il livre ensuite à ses chefs nordistes.
L’épouse de Lex ignorant qu’il est espion, trahit son mari, Lex est fait prisonnier, s’évade, et démasque le traître, un officier nordiste…
André de Toth, un des trois fameux cinéastes borgnes d’Hollywood (avec Raoul Walsh et John Ford) engage son vieux copain Gary Cooper pour cet excellent western qui narre les premiers pas du contre-espionnage américain pendant la Guerre de Sécession (comme Operator 13, dèjà avec Gary Cooper). Le thème du film est l’approvisionnement des troupes nordistes, dont les chevaux étaient souvent volés par des Sudistes et des rénégats
Sorti juste après Le train sifflera trois fois, le film n’obtint pas un gros succès, malgré un excellent scénario et une bonne dose de suspense qui tiennent en haleine le spectateur, ainsi que la belle musique de Max Steiner